lundi 25 octobre 2010

Massif d'étambot


Montage à blanc de la nouvelle quille et du massif d'étambot sur Ultréïa.

L'autre chantier (L'Elendil), est en attente de deux mètres cube de douglas. La septième virure a été posée. Il en reste neuf pour achever le bordé.


Merci à "un pirate" pour ses messages. Je ferai l'essai ("il faut essayer" dit Boulvaï) avec des lests en béton moulé sur le fond et en conservant mât et espar d'origine.

Au delà de la construction il y a l'esprit qui navigue déjà. Un de mes amis vient de partir pour faire le tour complet de l'Eurasie en six mois. Avec dix kilogrammes de bagages dont la moité en livres. A l'heure où d'autres font "grève" à 15 ans pour leur retraite. Ce monde meurt de son absence de rêve.

Une chapelle pour une vis, c'est un pas de plus qu'accompli le rêve dans le réel. Il en reste plus de trois mille à poser. Mais la forme est là. L'esprit n'a de pregnance que s'il s'incarne dans une forme. La matière est notre seule réalité. Si nous savons en preserver la source.

dimanche 10 octobre 2010

Un autre chantier

Un bateau ne peut affronter la vague que s'il est taillé à cet effet. Elémentaire. L'experience ayant parlé, Ultréïa est entré en chantier pour une nouvelle garde robe moins au ras des vagues.
Au programme: ajout d'une virure (ci dessous) puis augmentation du plan de dérive, montage d'un massif d'étambot et reprise des espars pour alléger les hauts.

Comment écrire autrement qu'avec les mots pour le dire.
Ce serait : ajouter une hauteur de planche à la coque, augmenter la surface de bois de la quille qui s'oppose au déplacement latéral du bateau, ajouter du bois à l'arrière pour obtenir un volume permettant le montage d'un gouvernail et reprendre mât et vergue pour enlever du poids en hauteur.

Les mots sont adaptés à leur monde. Celui de la construction des bateaux comme les autres appelle des termes qui dispensent de faire le détour de la phrase. C'est du chinois pour le néophyte. Mais on s'y fait.
La culture n'est-elle pas cette capacité d'un esprit à se tenir dans toutes les situations et en face de tout un chacun, qu'il soit charpentier de marine ou astronaute ?
Allez. Un petit effort.
Bonne soirée à toutes et à tous.




lundi 4 octobre 2010

Des passions

Combien de passionés des bateaux en bois prennent-ils leur rêve à bras le corps pour le traduire en heures de reflexion et de travail et enfin parvenir à leur but ?
Je ne sais pas. Mais ils sont bien plus nombreux que ne peut le supposer le quidam.
Consultez simplement le forum http://www.bateaubois.com et vous verrez.

Il y a des merveilles qui naissent, ou renaissent pour ceux qui restaurent, dans des garages ou sous des abris de fortune.

Ce qui me fait dire que le potentiel de travail est là, la puissance de création est toujours vivante. Et même si elle est enfouie sous les tombereaux d'insanités et d'inutilités de la modernité, elle respire et s'exprime. Loin des feux de la rampe du monde du spectacle dans lequel nous vivons.

Lorsque les humains se seront débarassés du léviathan qu'est l'Etat moderne...

vendredi 1 octobre 2010

virures




La longue litanie des virures du bordé (les planches de la coque) egrenne ses heures à distance.

Qui vient ici ?
Je ne sais pas.
Mais est-ce important de savoir ?
Le chemin se fait devant les pas du marcheur. Qu'importe le reste.

mercredi 1 septembre 2010

Figure de proue (II)

En images. L'esquisse à l'argile et la sculpture achevée. Il faut, par l'imagination la voir peinte en rouge, bleu et jaune.

La figure de proue est une façon d'avancer dans la brume ou au grand vent.

Toute chose a une signification. Puis un sens se montre au jour selon le regard qui se pose sur elle. Il y a des pensées statiques et des pensées dynamiques. Elles donnent naissance à des mondes des mêmes ordres. Ce qui importe c'est bien d'affronter le nihilisme, et de le détruire, d'où qu'il vienne.

Viking n'est pas un nom; c'est un verbe. Partir loin, se faire un nom et faire fortune et éventuellement revenir.

"Nous faisons de grands rêves et nous en tissons de grands gestes"
Drieu la Rochelle.





jeudi 26 août 2010

Drekki

La figure de proue !
Un dragon aux dents ricanantes, un cheval de mer en courbes ondulantes, une sirène aux seins orgueilleux ? Non. Un Aigle qui va chercher la vague. Mais pour l'heure des blocs de noyer assemblés à la colle resorcine.

Puis une forme tracée (Il y a d'abord un gabarit pour juger des proportions sur l'étrave)



Ensuite un épanelage à scie à ruban. La sculpture sera réalisée en fin de semaine. Journées vikings à Clairbois obligent! Quel autre endroit plus "magique" pour tailler ce qui sera la première vision du bateau?
Les curieux penseront "drakkar" (les autres ne penseront pas...) parce que ce mot est lié à "drekki" pour dragon en ancien langage nordique.

Pourquoi un Aigle ?
Je vous laisse répondre.


Et au même instant, les mêmes à la même tache... La quatrième virure sera posée demain.






lundi 9 août 2010

la quête ou le Grall ?

Merci pour le commentaire. Parfois la longue marche, ou la course de fond, est un peu comme une ligne droite qui n'en finit pas. On aimerait un autre paysage. Constater qu'il y a quelqu'un qui regarde un peu du côté de l'effort entrepris est comme une gorgée d'eau fraîche au dizième kilomètre.
La question est : "du Grall ou de la quête, quel est le plus important?"
La réponse est dans la question. Si c'était le Grall, il n'y aurait pas de question. L' "objet" fait sens à lui seul.
La quête est l'essentiel. Enfin, pour ce qui me concerne. Un peu à la façon de Cyrano. "C'est bien plus beau lorsque c'est inuitle".
Ce qui importe c'est le chemin que l'on parcourt et, en toute logique, comment on le parcourt (on marche toujours d'une certaine façon). Parce que le but est totalement induit par le chemin entrepris; sa forme, sa géographie et ceux que l'on croise.
Le dévoielement n'est pas un but en soi. C'est une forme achevée qu'il ne nous revient pas de façonner. Ce que l'on cherche, existe. Toute question posée présuppose le champ de sa réponse. Toute imagination se fonde sur une réalité. Il n'y a pas d'idée sans mot et pas de divin sans humain pour le celebrer.
Le dévoielement est la fin. Dévoiler à l'origine c'est se refuser la vie. Et se tromper à tout coup. Car ce que l'on dévoile, on le verra avec les yeux du moment. Le numineux (le Grall) s'offre de lui-même. Mais seulement au terme de la quête.
Construire un bateau, c'est un chemin comme d'autres vont à Compostelle. Certes, il y aussi ceux pour qui l'essentiel est de naviguer. Ce n'est pas mon cas. Naviguer vient après, comme un plaisir que l'on éprouve à l'avance parce que l'on sait. Et à la limite peu importe que le bateau soit rapide, ardent ou je ne sais quoi. Ce qui importe, c'est qu'il soit. Comme l'est une quête lorsqu'elle est achevée.
Donde es el caminando, donde està el camino. Où es le marcheur, là est le chemin.

Merci au lecteur.

NB: reçu la visite de "marcheurs" venus d'Isère pour voir le chantier. Pour nourrir leur reflexion sur la construction d'un 12 mètres. Ce qui importe c'est de se connaître soi-même.

Bordage à clin





Les images se passent de commentaires. La charpente reçoit les premieres virures du bordé à clin. Il y en aura en tout 17. Pour chaque virure il faut prendre le temps de brocheter (établir un gabarit), débiter, scarfer (préparer les jointures de liaison des trois planches qui forment la virure), étuver et visser (chaque vis, une tous les dix centimètres, demande un avant trou et une chapelle dans laquelle la tête sera "étancheifiée" avec un mastic). Une vis tous les dix centimètres cela fait entre 90 et 120 vis par virure soit au total entre 3000 et 4000 vis...
Souhaitez moi bon courage.





mardi 6 juillet 2010

L'intention, le virtuel et les gestes.

Il y a le bateau. Un rêve mis à nu, dans une réalité trés concrète. Façonner la matière, dessiner, se tromper, recommencer, réflechir, oeuvrer. Se poser des questions... Techniques. Reseau electrique, motorisation, mâture, voilure, flotaison, mise à l'eau, et utilité...

Un bateau pourquoi ? ou pour quoi ? Les deux abisses sont ouvertes en grand. Lorsque je passe de longues minutes à réflechir au comment, le pourquoi vient toujours comme une image en filigrane.

Sommes-nous devenus si petits que nous ne pouvons tenter au moins une fois de mettre des gestes au bout de nos rêves ? Les vikings ont été les derniers des hommes libres. Refusant le règne de l'unique sous ses formes conjugués du dieu unique et du roi unique, ils ont pris la mer et ont fondé en Islande une société d'hommes libres plus vieille que les cantons suisses.

Mais aujourd'hui, le rêve est celui d'un seul. Logique; il le porte dans sa tête et nul alentour ne peut y accéder; les écrans, les médias, les modes, les utilités et les nécessités liquident le temps du rêve raconté bien mieux que tous les prêches des dimanches.
Il faut donc se rendre à l'évidence. Les rêves réalisés n'ont de sens que lorsqu'ils sont achevés. Ils ne sont plus alors des rêves et toute la puissance déployée pour la délivrance n'aura aucune place dans le réel. Tout comme un enfant devenu adulte. Qui se souvient des soufrances de la mère ? Personne.
Pourquoi ? Parce que le monde est désenchanté. En liquidant la féminité en la déesse mère et la masculinité en l'acte créateur le chistianisme et ses rejetons (qu'est-ce que la "démocratie" sinon du christianisme laïcisé ?) ont fait naître la virtualité. Je pense donc je suis. Alors que l'ancien monde disait "j'agis donc je suis".
La vraie question que notre mondanité doit se poser est bien celle du sens. Mais elle ne se la posera pas. Parce que la réponse est son linceul.
En revanche nous pouvons nous la poser et y répondre. A notre mesure.
D'où le bateau.

Douglas, perçage étambot et safran ad hoc

1,6 m3 de douglas, en bille de pied pour le bordé. Il est temps de changer de remorque... Débit en 22 mm. Aprés coup je me demande si ce sera suffisant. A voir.


Perçage de l'étambot avec une fraise de 1000 mm utile prêtée par l"entreprise Cruard. Merci à eux. Un certain temps jusqu'à ce que je comprenne le "hic": la fraise était affûtée à l'envers. Un biseau négatif sur la planche d'attaque. Affûtage rectifié. 15 minutes de perçage à 8 °. Une légère dérive en latéral. Rectification et reprise.

Montage d'un hélice de 400 mm pour vérifier le passage du nouveau gouvernail.

Prochaine étape: montage d'une lisse de bouchain (pièce qui court de l'avant à l'arrière du bateau pour lier toutes les membrures entre elles un peu comme une panne dans une charpente de maison) et ensuite bordé à clins.
Petit clin d'oeil à Gilles Raab (spectacles et chevalerie à Ste Suzanne, Mayenne):
"Un bateau viking c'est comme un donjon du XIIIème. Une forme de révolte extrème et sereine à la fois contre le non-sens des temps qui n'en finissent pas de pourrir sur pied.
Le nihilisme n'est pas du tout où l'on le croit. Prendre le réel et y installer son rêve n'a rien à voir avec le fait de rêver le réel. C'est toute la différence entre le sang et les mots."

dimanche 2 mai 2010

Non, le bateau n'est pas tombé à l'eau.

Aprés un essai de gouvernail qui ne s'est pas avéré concluant (vrai piège à cordage et à déchets qui parsèment les rivières et les côtes)



Et une mise au plan qui s'approche de la "vérité":


J'ai monté le massif arrière aujourd'hui:




En vert la ligne de flotaison, en rouge le tracé de la ligne d'arbre d'hélice et en noir, l'évidement dans le massif d'étambot pour loger l'hélice (qui aura son pendant dans le plan du safran).


Et j'en ai profité pour monter les dernières alonges de la proue qui donne tout l'élancement à la silhouette:

Times goes on, live goes by.
Je ne sais pas si de temps à autre quelqu'un vient ici. Si c'est le cas, désolé pour ces mois de silence. Bien des choses à faire, trop de choses sans doute. Comment differencier ce qui est essentiel de ce qui est important ?
La vie "moderne" est grande consommatrice de temps perdu. Il faut parvenir à une sorte de détachement pour se tourner vers ce qui mérite vraiment que l'on en prenne soin. Et accepter cette part d'étrange qui nous fait étranger au monde alentour parce que le rêve est plus fort en nous que les contingences. Accepter de paraître insensible aux vagues lorsque l'on se préoccupe de l'océan.
-Que construiras-tu aprés la mise à l'eau du bateau ? Une cathédrale ?"
- je ne sais pas. Peut être. Mais il est clair maintenant que mes mains sont le prolongement de mon esprit et que la matière est à la fois ce qui me fait tenir debout et la forme de l'affrontement qui donne un sens à mes jours; alors pourquoi pas une cathédrale ?"

dimanche 14 février 2010

Etuve et forge

Lorsque l'on a besoin d'un outil, il ne faut pas remettre à demain sa fabrication en se disant qu'aujourd'hui cela ira en "bricolant".

Du coup, une étuve vient s'ajouter à ce qui encombre le chantier...


Ci dessus le sytème d'ouverture.





L'étuve avec la "centrale à vapeur". Le vieux stérilisateur munie d'une isolation et d'un entonnoir avec bouchon pour le remplissage. Le tout sur une plaque chauffante. Il faudra ameliorer le système. Comment produire de la vapeur et l'envoyer sous pression ? Je cherche...

Il faut une trentaine de minutes pour "chauffer" le coffre (agglo revêtu d'alu) et ensuite ... laisser mijoter. Une heure par centimètre d'epaisseur d'aprés un avis motivé récolté sur bateaubois.com. J'ai essayé. Tentative réussie. Les éléments de la future mèche du gouvernail se sont cintrés sans soucis, soit 45 mm de chêne en 3 lames de 15 mm.






Les pièces métalliques seront si possible forgées sur le chantier. Donc, mise en route d'une forge et apprentissage de la mise en forme du métal. Le soufflet est un décapeur thermique, l'air est amené au centre du foyer par un tube.



Aprés quelques essais et des bouts de ferrailles tordus dans tous les sens, un première paire de pince refroidie sur le bord du foyer. Elle est sortie de deux barres démontées sur un ancien portillon. Le métal n'est pas homogène. Certaines pièces se sont fendues à la chauffe au "jaune d'or". Les couleurs de l'acier parlent et en disent long sur l'état de fusion du métal.




mercredi 20 janvier 2010

De neige et de glace


Pour ceux qui viennent rendre visite au chantier, des images en cadeau pour cette année qui commence. Je ne sais ce qu'elle apportera. Mais je vous souhaite un esprit combatif, une santé qui vous laisse aller où bon vous semble et une chanson aux lèvres pour aller au delà des médiocrités ambiantes.




dimanche 3 janvier 2010

Rouf et etambrai

Aprés avis motivé, il ne faut pas envisager la construction du rouf comme celle d'une charpente de maison; logique " leger dans les hauts". Donc, remettre l'ouvrage sur l'établi et repartir dans un autre esprit.


Le rouf sera à deux niveaux et couvrira les deux tiers de la surface du pont en longueur en laissant de chaque côté un passage de 40 cm pour la circulation de l'avant à l'arrière. Ce qui signifie entre autre que le grément carré qui demande de la main d'oeuvre par gros temps voire même par temps moyen ne sera pas le grément d'usage. La manoeuvre devra pouvoir se faire au maximum depuis le pont arrière.





Ci dessous, de nuit, images du montage à blanc des barreaux de la strcuture.













L'étambrai vu de dessous en partie seulement; il manque les barrotins, les petits barreaux de liaison transversale qui viendront maintenir l'épontille, pièce qui soutien le mat en s'appuyant sur la carlingue au dessus de la quille et qui traverse le rouf. Le mât étant articulé sur l'épontille par deux pièces metalliques qui font "jumelles".

Le rouf vue de la proue. La visseuse est posé sur l'etambrai.



Le rouf vu de la poupe. Les pièces en long sont là pour juger de la courbure induite par la différence de hauteur et de largeur des éléments de structure.



Ici, l'ouverture d'accés à la cabine. Deux ouvrants, un capot de toit coulissant et deux demi-ouvrants de part et d'autre des montants verticaux.



Le chantier avance lentement, mais il avance. Le "projet" de l'année c'est d'achever toute la charpente et de poser le bordage à clin. Est-ce trop ambitieux ? Je ne sais pas. Le temps de Jul s'achève. C'est le temps où jadis on offrait des présents et où l'on mettait sur la table les victuailles que l'on souhaitait abondante pour l'année. Il y avait là en oeuvre une pensée magique. Sera-t-elle efficace pour la construction du "Freya" ? (Il convient de donner un nom aux choses qui sont le prolongement de nos actes et de nos pensées. Ainsi elles entrent de plein pied au coeur de notre présence au monde... autre forme de la pensée magique !)