vendredi 1 mars 2013

Le creux des vagues

Le chantier avance. Bientôt des images du reseau electrique et des haubans. Tout le cordage est rangé dans l'atelier (merci la corderie Gautier et pas merci à une autre corderie soit disant interéssée par le projet...) et le moteur sera là bientôt. Mois d'avril consacré à l'ouvrage. Mise à l'eau prévue pour mi-mai.

Mais l'écriture est un autre chantier. Certains qui viennent ici, lisent aussi les mots au delà de la technique. Il y a un roman en sourdine.

Extrait:

Bien des choses n'apparaissent que dans le creux qu'elles laissent lorsqu'elles ne sont plus à leur place. De même que la limite se montre lorsqu'il est impossible de tendre la main sans dechirer le voile des habitudes qui enveloppent les jours.
Les liens sont alors des murs plus épais que ceux des prisons. L'esprit qui se débat s'épuise à occuper cet espace infime, qui ne peut contenir les ailes déployées, jusqu'à sombrer de fatigue dans cette longue nuit qui monte de l'horizon.
Il manque le quai, l'appontement qui reçoit l'appel des vagues par la tension des aussières et cette danse lente du bateau à l'amarre. Parcequ'au delà du quai, l'océan s'ouvre.

Les oeuvres vives en carénage peuvent encore rêver de l'océan.

Qu'en est-il de ces coques ouvertes, déchirées, qui laissent passer le fort vent de nord et qui attendent, en s'effaçant chaque jour davantage, qu'une passion qui soit aussi bien gestes que songes s'empare de l'ouvrage condamné pour le rendre aux éléments qui lui donnent sens ?

Mais pour l'empêcher de détruire l'esprit qui la porte, la passion doit être nourrie de regards renouvelés, de parcelles d'histoires apprises ici ou là, et de l'immensité d'un rêve à nul autre accessible.

Là seulement les ailes peuvent se deployer sans atteindre à l'épuisement.