dimanche 26 juillet 2009

Fais un plan (III)

Bientôt des images de bois et de copeaux, de visserie et de peinture, des odeurs et des bruits perceptibles par l'esprit et l'imagination. Encore quelques jours de plâtre et quelques jours pour tenter de rattraper les chantiers en retard et ce qui importe reprendra ses droits.


En attendant quelques images de l'épure entièrement reprise au crayon-feutre. Les tracés au crayon de couleurs s'effaçaient jusqu'à devenir illisibles.

Coupe de l'étrave et de l'étambot au niveau du pont.


Image partielle (et déformée par l'angle de la prise de vue) de l'ensemble des clins et de leur raccord à la quille (vue de face).



Le plan gagne en détails d'architecture:

Coupe au niveau du maître couple.
A gauche coupe de "la cabine" au niveau du maître couple et à droite idem mais au niveau du couple 3



Les trois vues.

Dimanche

Il n'y a pas que les bateaux, même en bois, dans la vie. Même si la cariatide ci-dessous est une proue sculptée à l'origine pour le knörr en construction. Mais la force des choses, et notamment celle du déséquilibre de la charpente de la cuisine d'été, a conduit ce dragon à remplacer le poteau manquant. La charpente circulaire à trois pieds inscrits dans un triangle rectangle n'a pas dépassée le stade de l'idée. La force des choses. Elle est bien ce qui distingue les hommes par la perception qu'ils en ont. Que ce soit pour construire un rêve en affrontant le réel ou la matière, ou pour jeter aux orties mille idées qui peuvent toujours faire une idéologie mais ne feront jamais le début du commencement d'un acte en restant des idées.


Nous étions dimanche aujourd'hui, de ce côté ci de la planète. Un jour comme un autre. Mais un jour autre. Alors pour ceux qui viennent se promener en un clic sur ce petit coin de planète virtuelle (mais pourtant bien réel même si des photographies ne veulent rien dire tant que le regard intelligent et sensible n'a pas goûté par lui-même au visible), un petit clin d'oeil en trois images.


Paulilles. On y revient. Non seulement l'anse offre, sans doute hors saison, tous les charmes d'un coin tranquille pour qui cherche le retour au sens et, par la même occasion, le bain lustral des eternelles jouvences, mais il y vient au jour un vin, le sang de cette terre entre mer et ciel, qui porte au palais de longues saveurs bien charpentées (comme disent les spécialistes; étonnant d'ailleurs que la charpente se trouve liée au vin. Il doit y avoir ici un lien méta-culturel qui mériterait un regard de linguiste ou de sémiologiste façon Jünger, en amateur, ou Eco, en professionnel) et à l'esprit ce zeste d'ivresse légère qui non seulement déride les esprits chagrins mais, en offrande divine, porte la rêverie du temps des graces digestives vers ce que l'esprit peut dispenser, et engranger, de force et de paix, en ces temps maussades qui font nos quotidiens si indigestes.
Donc à ceux qui regardent et goûtent ce que je peux offrir ici, sans condition aucune et dans la limite du temps que les Nornes m'impartissent, je lève mon verre à vos rêves et souhaite que vous soit accordée l'étincelle qui en fera une forme de la réalité.
"Nous faisons naufrage, non pas sur nos rêves, mais sur notre incapacité à rêver avec assez de force." Eumeswil, Ernst Jünger, 1977, traduction Henri Plard.






mercredi 22 juillet 2009

Fais un plan (II)

Avec la pluie, qui arrose le potager à ma place, et le plâtre qui me fait ressembler (de loin...) à Long John Silver, impossible de recommencer à débiter des pièces alors que la scie à ruban portative est revenue de réparation.
Mais il faut positiver comme dit l'autre. Hors, la lecture des fils de discussion sur le site bateaubois.com ainsi que celle d'un ouvrage américain (how to built a woodenboat de David McIntosh) m'ont persuadé de creuser davantage la préparation de la construction. Même s'il s'agit d'un chantier hors circuit professionel, cela ne veut pas dire qu'il faut bricoler...




L'épure ne suffira pas. Ou alors uniquement pour construire le bordage et sa charpente. Donc, reprise des crayons et travail au calque sur l'esquisse de plan. La reflexion crayon en main permet de se rendre compte de "détails" aussi inaparent que la place des couples dans le volume habitable ou la necéssité de concevoir des armatures de couples sans traverse horizontale à hauteur d'homme dans ce même volume.


Ici, visibilité du volume de la cabine et du pont fermé. Le bateau sera quasiment symétrique sur les deux axes. Mais il faudra tout de même dessiner les détails des emplacements du moteur (rechercher les dimensions et la masse d'un moteur pour ce type de bateau...) en tenant compte de la hauteur des couples et de l'incidence sur l'inclinaison de l'axe (10 à 15° selon les infos fournies par les passionés du site bateaubois.com), les détails du positionement des reservoirs d'eau et de gaz oil (sans doute en balance avec le moteur ?) et ceux de l'emplanture du mât.



Ci dessous, les volumes au niveau de la coupe du maître-bau. Un peu plus de deux mètres de large mais au niveau du pont, seulement la place pour être assis. En revanche au centre si le roof (toile ou rigide ?) esquissé est cohérent avec l'équilibre de l'ensemble, il sera possible de se tenir droit ou presque. Il ne faut pas penser maison flottante mais penser bateau sinon habitable au mois logeable pour quelques jours façon "camping" au fil de l'eau.





mardi 14 juillet 2009

Montage des premiers couples

Assemblage des demi-couples sur le gabarit de l'épure. En perçant à plat, le positionnement vertical sera plus facile.


Les trois premiers couples sont installés sur la quille. Il apparait donc:
- qu'il faudra démonter l'abri perpendiculaire à l'atelier
- déplacer l'Ultréïa
- construire un échaffaudage pour la suite...



Vivement le retour de la motricité complète pour attaquer la fabrication des couples qui complèteront la charpente.








vendredi 10 juillet 2009

Les Sources

Il faut rendre à César ce qui lui appartient (discutable sachant que César ne possède rien qui ne m'appartienne en fait sinon en droit...) et aux chercheurs patients ce qu'ils ont réussi à démontrer. Le savoir est une richesse; elle est fertile lorsqu'elle est partagée. Il me semble que les participants au colloque ci dessous illustré seront heureux de savoir que leurs recherches auront donné des fruits aussi concrets que les courbes necessaire au dessin d'une proue.

La proue et la poupe étaient taillées dans une seule pièce. Inspiration ne veut pas signifier copie à l'identique. Lorsque je serai à nouveau sur deux pieds et non sur trois, la pièce sera réalisée par collage en trois plis et insérée dans son logement prévu, dans le prolongement de la quille existante.

Le mât sera plus court et si c'est possible il y aura un gréement en voile latine. Mais l'esprit est là. En ajoutant une tente de pont, ce sera parfait pour glisser sur les eaux calmes des canaux et pourquoi pas en cabotage tranquille.




Internet est une source assez étonnante d'informations. A condition de ne pas se faire croire que le monde tient dans un clic, il est possible d'y trouver bien des choses. Je ne me souviens pas où j'ai trouvé les dessins ci-dessous. Ma méthode de construction est autre mais j'ai utilisé cette source pour mesurer les angles et les courbes des membrures. Une telle construction demande de disposer de "bois tord". Ce n'est pas impossible mais les coûts atteignent alors des sommets que mon budget ne peut même pas envisager.






Ci dessous les dessins qui sont sources de ce rêve qui prend pied dans la réalité. Tous récupérés sur internet en espérant que cette "publication" ne déroge pas aux critères du droit d'auteur. Si c'est le cas, prière de ne pas m'envoyer d'avocats mais de me le faire savoir par message ou commentaire au bas de l'article.






Et enfin, même si ce n'est pas un précis scientifique ni une somme faramineuse, ce précieux petit opuscule qui ouvre en grand les portes d'accés à la construction et au delà.
Clair, simple, précis, trés abordable; iconographie à la hauteur des visions que chaque amateur peut fourbir au fond de son garage ou de son atelier. Ne remplace pas le coup de main mais lui donne l'élan intellectuel, sinon spirituel nécessaire.










lundi 6 juillet 2009

Pour les amateurs de bateaubois.com

Il est certain que façon canoë il est possible de faire plus leger...
















jeudi 2 juillet 2009

De courbes et d'eau

Pourquoi la forme inspire-t-elle la reflexion pour celui qui accepte de prendre le temps de regarder un volume au delà de son utilité ? Sans doute l'harmonie entre les lignes de la matière et l'espace qui l'entoure. C'est probablement ce qui est attirant dans la construction d'un bateau. L'esprit se projette dans une forme, ici l'étrave, plus loin l'étambot, mais la forme va en retour modeler l'esprit qui va guider la main, l'outil, afin d'obtenir l'adéquation qui sera source de joie.
La beauté, je crois, vient de cette perception de l'organique. L'ensemble est plus que la somme de ses composants. Comme un visage que l'on se plait à contempler. Ce n'est pas seulement la plastique qui procure la paix ou la passion; il y a autre chose difficile à définir. L'harmonie des sens et de l'esprit, celle de la forme et de sa perception.

Mais l'esprit et la main ne peuvent pas tout. Je crois que Van Gogh a dit ou écrit que la création ne consistait pas à laisser libre cours à l'inspiration mais à limer, millimètre par millimètre, le mur d'acier qui sépare ce que l'on est capable de faire de ce que l'on veut faire.


Pourtant les hommes qui ont dessiné, conçu et fabriqué ces bateaux étaient de vrais créateurs. Lorsque l'on se lance dans une telle entreprise, il me semble qu'il faut en être conscient, non pas pour laisser le doute prendre barre sur la volonté mais bien pour s'inspirer de ces maîtres inconnus que le temps a effacé de la mémoire des hommes mais que leurs oeuvres maintiennent vivants dans nos rêveries et nos actes.


Alors, il ne s'agit pas de partir à la conquête d'un inutile ou d'un inaccessible mais bien d'ouvrir grand les yeux pour considerer d'une part, et honnêtement, ses propres limites qu'il faudra dépasser, et d'autre part la perfection vers laquelle tend tout l'être lorsqu'il décide de franchir le cap qui sépare les eaux tranquilles de la rêverie, du flot, plus ou moins furieux, de l'action concrète.




Et si un jour futur, sous un soleil printanier ou dans la pâle lueur d'un matin glacé, l'étrave dessinée, conçue et fabriquée écarte les eaux d'un mouvement ample et gracieux, si la vague glisse en douceur le long du bordé, si sur l'étambot le flot reprend sa place dans un clapotis harmonieux, alors tous les efforts consentis, toute la tension accumulée, toute la force déployée , chaque geste de l'entreprise enfin seront justifiés.




Il me semble que ce sentiment peut se laisser saisir lorsque l'on écoute le dernier mouvement de la IXème symphonie, "l'hymne à la joie". Le motif principal est d'abord esquissé, puis s'élève en force de plus en plus saisissante jusqu'à éclater dans la puissance des choeurs et des instruments qui conjuguent ce que l'esprit du compositeur a creé et la virtuosité des interprètes qui le fait vivre.
C'était le quart d'heure délire. La jambe dans le plâtre pour encore plus de trois semaines, il faut bien que l'energie s'exprime.
Bonne journée.