mardi 6 juillet 2010

L'intention, le virtuel et les gestes.

Il y a le bateau. Un rêve mis à nu, dans une réalité trés concrète. Façonner la matière, dessiner, se tromper, recommencer, réflechir, oeuvrer. Se poser des questions... Techniques. Reseau electrique, motorisation, mâture, voilure, flotaison, mise à l'eau, et utilité...

Un bateau pourquoi ? ou pour quoi ? Les deux abisses sont ouvertes en grand. Lorsque je passe de longues minutes à réflechir au comment, le pourquoi vient toujours comme une image en filigrane.

Sommes-nous devenus si petits que nous ne pouvons tenter au moins une fois de mettre des gestes au bout de nos rêves ? Les vikings ont été les derniers des hommes libres. Refusant le règne de l'unique sous ses formes conjugués du dieu unique et du roi unique, ils ont pris la mer et ont fondé en Islande une société d'hommes libres plus vieille que les cantons suisses.

Mais aujourd'hui, le rêve est celui d'un seul. Logique; il le porte dans sa tête et nul alentour ne peut y accéder; les écrans, les médias, les modes, les utilités et les nécessités liquident le temps du rêve raconté bien mieux que tous les prêches des dimanches.
Il faut donc se rendre à l'évidence. Les rêves réalisés n'ont de sens que lorsqu'ils sont achevés. Ils ne sont plus alors des rêves et toute la puissance déployée pour la délivrance n'aura aucune place dans le réel. Tout comme un enfant devenu adulte. Qui se souvient des soufrances de la mère ? Personne.
Pourquoi ? Parce que le monde est désenchanté. En liquidant la féminité en la déesse mère et la masculinité en l'acte créateur le chistianisme et ses rejetons (qu'est-ce que la "démocratie" sinon du christianisme laïcisé ?) ont fait naître la virtualité. Je pense donc je suis. Alors que l'ancien monde disait "j'agis donc je suis".
La vraie question que notre mondanité doit se poser est bien celle du sens. Mais elle ne se la posera pas. Parce que la réponse est son linceul.
En revanche nous pouvons nous la poser et y répondre. A notre mesure.
D'où le bateau.

Douglas, perçage étambot et safran ad hoc

1,6 m3 de douglas, en bille de pied pour le bordé. Il est temps de changer de remorque... Débit en 22 mm. Aprés coup je me demande si ce sera suffisant. A voir.


Perçage de l'étambot avec une fraise de 1000 mm utile prêtée par l"entreprise Cruard. Merci à eux. Un certain temps jusqu'à ce que je comprenne le "hic": la fraise était affûtée à l'envers. Un biseau négatif sur la planche d'attaque. Affûtage rectifié. 15 minutes de perçage à 8 °. Une légère dérive en latéral. Rectification et reprise.

Montage d'un hélice de 400 mm pour vérifier le passage du nouveau gouvernail.

Prochaine étape: montage d'une lisse de bouchain (pièce qui court de l'avant à l'arrière du bateau pour lier toutes les membrures entre elles un peu comme une panne dans une charpente de maison) et ensuite bordé à clins.
Petit clin d'oeil à Gilles Raab (spectacles et chevalerie à Ste Suzanne, Mayenne):
"Un bateau viking c'est comme un donjon du XIIIème. Une forme de révolte extrème et sereine à la fois contre le non-sens des temps qui n'en finissent pas de pourrir sur pied.
Le nihilisme n'est pas du tout où l'on le croit. Prendre le réel et y installer son rêve n'a rien à voir avec le fait de rêver le réel. C'est toute la différence entre le sang et les mots."