La carène du bateau se dessine dans l'espace et elle prend forme concrètement dans l'esprit.
Ces baguettes de chêne préfigurent la position des clins du bordage. Elles permettront d'établir la forme de chaque clin et la reporter sur les plateaux où ils seront débités; en chêne pour les oeuvres vives (dans l'eau) et sans doute en pin pour les oeuvres mortes.
La pose de ces baguettes permet également de visualiser le parage (ajustage de la charpente à l'angle que fait le bordage avec la membrure sur laquelle il s'appuie) des membrures. J'ai opté pour un post-usinage. Ce n'est sans doute pas trés orthodoxe mais l'héresie fait parfois avancer les choses... L'angle formé par le clin et son support sera non pas travaillé en maigre (en enlevant de la matière) mais en gras. Ainsi chaque clin reposera sur la membrure par une pièce en forme de coin collé à la resorcine.
Les vikings construisaient "bordées premières" et, ensuite, adaptaient la charpente au bordage. J'y ai songé mais je ne m'en suis pas senti capable; je ne suis, hélas, pas un "forgeur d'étrave" (nom du maître charpentier chez les peuples du Nord).
Jusqu'ici cette construction était accéssible. Maintenant on entre dans le vif du sujet, le véritable défi de la construction d'un bateau: plier la matière à la forme des lignes dans l'espace.
Un salut amical à ceux qui viennent ici en prenant un instant de leur temps. Lorsqu'il sera l'heure, s'ils se font connaître, c'est avec joie qu'ils seront invités pour les agappes de la mise à l'eau.